vendredi 16 novembre 2007

Une nouvelle "rubrique" fait son apparition, enfin si ce terme a du sens pour un blog, on parlera plutôt de tag ou encore de libellé dans sa version francisée. Un autre libellé donc, sous la dénomination de Culture, me permettra d'aborder de temps en temps quelques sujets en lien avec la culture polonaise, que ce soit des expositions, des concerts ou encore des artistes... En raison de l'ampleur du travail je ne peux pas me permettre de faire un inventaire de l'actualité culturelle, d'autres magazines le font très bien tel que le mensuel Karnet, disponible en version anglaise, qui vous fournira toutes les infos nécessaires sur les rendez-vous à ne pas manquer. Ce que je propose c'est davantage de revenir sur certains événements ou artistes qui m'ont marqué, en apportant un éclairage plus personnel. Je commence cette série avec Makowski dont les toiles m'ont fasciné par la capacité de l'artiste à travestir et tourner en dérision un monde sombre et mélancolique en le réduisant à un univers de figurines burlesques. Voici un apercu condensé de son œuvre et quelques repères pour avoir une idée de ses influences.


Makowski – Peintre, dessinateur et graphiste
1882 Oswiecim / 1932 Paris
Après avoir été influencé par la peinture paysagiste symboliste de Stanilawski, Makowski va chercher à donner une expression particulière à ses toiles, sous l’influence de Mehoffer : sa passion pour la représentation et les décors théâtraux lui permettent d’aller vers des figures plus animées, vivantes. Il commence alors par élaborer des marionnettes pour le cabaret cracovien « Zielony Balonik » (le « Ballon Vert »). C’est auprès d’artistes parisiens et en s’inspirant des mouvements cubiste et réaliste français (Camille Corot et Gustave Courbet) qu’il trouve de nouvelles techniques d’expression : il traite alors les formes géométriquement, les fait ressortir par un modelage en clair-obscur et en accentue les contours.

Il abandonnera assez vite le courant cubiste pour revenir à sa première expérience impressionniste lors de sa villégiature en Bretagne où il peint des paysages bretons dans la chaude tonalité du jaune et du rouge.

En 1918 apparait un motif qui restera cher à Makowski et redondant dans son œuvre postérieur : l’enfant, à la physionomie bien spécifique, aux traits délicats et réguliers, avec des yeux souvent grands ouverts qui lui donnent un air abasourdi et confondu. La ligne souple qui décrit les formes avec précision, le modelage subtil et la chromatique limitée à quelques tonalites en pastels raffinés, donnent aux toiles une stylisation qui rappelle l’art naïf de Henri Rousseau (dit le Douanier). On retrouve son intérêt pour les ambiances lyriques, les compositions empruntent des accessoires propres aux décors théâtraux et à ceux des kermesses (voir tableau de 1922 ci-contre : "une chapelle d’enfants").

1928 marque un tournant important dans l’œuvre de Makowski : il parvient à conjuguer son style sans pareil dans le contexte de l’art européen à son expérience cubiste. L’artiste donne alors une forme géométrique aux formes synthétiques, redoublant alors l’expression de ses motifs, qui colorent désormais l’univers de la musique (tableaux ci-contre).

Ses dernières toiles à partir de 1930 sont fortement imprégnées de cette tendance expressionniste. Makowski simplifie les formes et les réduit à des qualités géométriques, triangles, cylindres et cônes. Les lignes s’accentuent et gagnent en expression. La gamme chromatique moins étendue se borne aux tonalités de la terre, le marron renforcé de rouge et de gris, donnant une atmosphère lugubre, inquiétante. Les faisceaux lumineux que l’on retrouve sur de nombreuses toiles renforcent cette obscurité ambiante. Un nouveau motif fait son apparition et souligne nettement ce sentiment mélancolique : le vieillard et le rustaud d’inspiration rabelaisienne ajoutent une vision grotesque de l’existence humaine, renforcée par une série présentant les vices humains (voir tableau ci-contre : "l’avare"). Le monde brossé par Makowski dépeint une réalité de mascarade, de fantoches, des pantins masqués se jouent du réel, trompent sournoisement leur mélancolie sous un vernis de gaieté, instaurant alors in style pictural à la fois insolite et angoissant.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Passionnant ! :-) merci de nous faire partager tes découvertes, j'avoue ne pas le connaître avant !!