jeudi 13 décembre 2007

Stanisław Wyspiański
Dramaturge, poète, metteur en scène et rénovateur du théâtre polonais
Cracovie 1869–1907
Un siècle nous sépare de la disparition de Stanisław Wyspiański, c’est l’occasion pour la ville de Cracovie de rendre hommage à cet artiste pluriel. En cette seconde moitié du XIXème siècle, Cracovie, qui voit grandir le jeune artiste, a perdu son titre de capitale et son prestige, subissant alors l’hégémonie de la monarchie Austro-hongroise. Déclassée et désenchantée, son rayonnement n’existe plus, tout comme la Pologne, disparue de la carte d’Europe vers la fin du XVIIIème siècle. Le Château Wawel, dernier vestige de la grandeur révolue de la Pologne, faisait à l’époque office de caserne de l’armée autrichienne. C’est au pied de la colline Wawel que Stanisław découvre la création artistique à travers les travaux de son père, Franciszek Wyspiański, alors sculpteur. Sa fréquentation du milieu artistique et ses influences vont s’étoffer au cours de ses études au collège Sainte-Anne où il fréquente Jożef Mehoffer, qui jouera un rôle important dans la vie culturelle de Cracovie, et étudie l’antiquité gréco-romaine, dont l’influence marquera clairement ses œuvres par la présence de nombreux motifs antiques. Il étudiera ensuite à l’École des Beaux Arts sous la conduite du maître de la peinture historique, Jan Matejko. Pour comprendre le parcours et l'engagement artistique de Wyspiański, il est nécessaire de recadrer le contexte intellectuel qui agite Cracovie en cette période de domination étrangère, et la divise en deux mouvements : d’un côté la tradition y est vénérée et le rapport au passé glorifié, de l’autre un groupe d’historiens de l’Université Jagellon porte un regard critique sur cette image et cherche à réviser ce passé en démontrant les sources des défaites pour donner un nouvel élan aux comportements sociaux. C’est de ce dernier mouvement que naît le modernisme polonais, dont sont fortement marquées les œuvres de Wyspiański. Audacieux, acharné, son activité artistique de grande ampleur témoigne d’un désir profond de marquer son temps : il établit des plans de restauration de monuments historiques (Wawel, rebaptisé dans un drame prophétique Acropolis, incarne à ses yeux l’essence de la culture polonaise et de la civilisation européenne), il réalise une polychromie et des vitraux monumentaux comme ceux de l’église des Franciscains à Cracovie, se passionne pour le théâtre et écrit des drames, crée des projets de scénographie pour le théâtre de Cracovie. Il considère chaque œuvre d’art comme une trace des événements passés ou présents, des scènes qui résistent au temps et s’inscrivent dans son mouvement. Ses œuvres doivent participer à ce témoignage, quand bien même resteraient-elles inachevées. Peu importe, l’œuvre ne doit pas rester figée, mais marquer son époque, agir sur elle. Ses nombreux voyages à l’étranger lui permirent de s’initier aux courants esthétiques modernes et de découvrir le gothique lors de visites de célèbres cathédrales telles que Chartres, Rouen, Amiens, Reims et Strasbourg. La cathédrale représente alors à ses yeux un univers complet, l’expression parfaite de son époque. Pointe dès lors le désir de créer à sa manière une œuvre totale capable de contenir, telle la cathédrale gothique, toutes les expériences de l’Histoire et du contemporain. Fort de ses expériences, et dans un contexte artistique de plus en plus imprégné par le modernisme naissant, Wyspiański va entreprendre une synergie entre différents domaines de l’art, en faisant correspondre ses œuvres entre elles. Ainsi certains poèmes ou scènes dramatiques allaient souvent constituer des commentaires à ses œuvres plastiques, tels que les vers consacrés aux personnages historiques représentés dans ses vitraux. La pièce Warszawianka (la Varsovienne) témoigne de cette conception assurément moderne par une scénographie en trois dominantes, noir, blanc et or, et une composition rigoureuse de l’espace : un clavicorde, un buste de Napoléon et des fenêtres au fond de la scène composent un décor où chaque élément participe au drame. Le chant « la Warszawianka », qui revient comme un leitmotiv dans la pièce, joue le rôle de la mémoire historique dans la conscience des Polonais. Convaincu que le théâtre a pour mission de former la société moderne, Wyspiański cherche à ressusciter le langage symbolique pour parler des problèmes de l’Histoire et la situation actuelle des Polonais. C’est ainsi qu’il critique violemment la philosophie historique du romantisme dans sa pièce Legion, une interprétation idéologique liée au culte des grands poètes qui pèse sur la vie intellectuelle et artistique et dénature la tradition romantique. Sa modernité et la mission qu’il attribue au théâtre vont atteindre leur paroxysme dans son drame Wesele (Les Noces), entièrement écrit en vers pour s’accorder au rythme de la poésie romantique. Wesele est considéré comme le plus important et le meilleur drame polonais du XXème siècle, et sera filmé en 1973 par Andrzej Wajda. La pièce présente la perspective sinistre d’une société sans défense, pliée sous le joug d’un triple esclavage ; l’oppression politique, le fardeau d’une tradition nationale figée, et le scepticisme de l’intelligentsia en proie au doute. Wyspiański place l’art au cœur du drame, lui assignant le premier rôle dans la formation de l’imaginaire collectif, en faisant référence à de grandes œuvres poétiques, théâtrales et plastiques, telles que les drames de Fredro, Słowacki, ou encore les toiles de Matejko et Małczewski. Les symboles que la pièce véhicule et les aphorismes qu’elle professe s’inscrivent durablement dans le langage décrivant les comportements collectifs des Polonais, comme la « corne dorée », métaphore des espoirs perdus et des chances manquées, ou encore la « danse des paillassons », symbole d’un envoûtement néfaste et engourdissant par la transmission d'idées fallacieuses et perfides. Les mêmes symboles seront par la suite évoqués dans de nombreuses œuvres littéraires, scéniques et cinématographiques, notamment le film Cendre et Diamant d’Andrzej Wajda. Suite au succès remporté par Wesele, Wyspiański se voit confier l’élaboration de la mise en scène des Aïeux d’Adam Mickiewicz, et de nouveau s’illustre par sa mise en scène créative et particulièrement moderne d’une œuvre romantique. Cette adaptation scénique du drame, sous forme de discussion avec l’œuvre de Mickiewicz, nivèle les motifs messianiques oppressants pour mettre en relief la liberté du personnage principal. Toutes les œuvres de Wyspiański ne sont que dialogues, avec ses prédécesseurs comme avec lui-même. Ses textes font l’objet de réécritures incessantes, il puise dans les œuvres d’autres auteurs, les transforment, et les intègrent dans son discours sous forme d’évocations intertextuelles. Cette ouverture et cette dynamique permettent de soumettre son théâtre à une vérification constante, d’éviter qu’il se fige. Comme pour garantir la liberté de ses personnages, qu’il met constamment à l’épreuve dans ses drames, pour mieux prévenir tout mécanisme susceptible de l’entraver.

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lundi 10 décembre 2007

"L'Histoire par l'image s'est donné l'ambition d'enrichir la connaissance du passé à travers les œuvres d'art et les documents iconographiques qui s'y rapportent." Telle est l'ambition formulée par l'équipe à l'origine de ce projet. Couvrant la période post-révolution jusqu'aux prémices de la Seconde Guerre Mondiale, ce site vous permet de voyager au cœur des grands bouleversements sociaux et culturels à travers l'analyse d'œuvres retraçant les événements marquants de l'Histoire de France. Une approche originale par l'image qui nous donne véritablement les moyens d'entrer en profondeur dans l'œuvre de l'artiste tout en saisissant les enjeux historiques qui s'en dégagent. À visiter absolument si comme moi l'approche de l'Histoire par le par cœur vous écœure ou si vous attendez plus d'un musée que l'affichage du nom de l'artiste et l'intitulé de l'œuvre dans un encadré en bas à droite d'un tableau !

vendredi 7 décembre 2007

Le marché de Noël, installé cette année au pied de la basilique, a ouvert ses portes le week-end précédant la Saint-Nicolas. Les chalets en bois chaudement illuminés exposent leur lot de produits artisanaux tandis que des chants folkloriques accompagnent les visiteurs. Pas de grande nouveauté, si vous avez manqué en 2006 l'ange, le chat, la pendule, les cloches en terre cuite, bougies et coffres en bois décorés, vous les retrouverez cette année. Un air de déjà vu qui peut décevoir ceux qui attendent plus d'originalité. Ce n'est pas que les artistes sont en panne d'inspiration en cette fin d'année, mais qu'ils n'ont pas tous la possibilité de s'offrir un chalet pour exposer. Alors, profitez plutôt de l'ambiance du marché en déambulant au milieu des étales, c'est le moment de déguster un vin chaud, et surtout de s'attarder autour des produits du terroir. La gastronomie est à l'honneur, avec quelques dégustations organisées. Et si vous cherchez des produits artisanaux plus travaillés et originaux, rendez-vous dans les galeries aux alentours qui proposent d'authentiques créations.
Voir les photos dans l'album "Festivités" !

mardi 4 décembre 2007

Saint Nicolas
Le 6 décembre approche et ne s’annonce pas forcément sous de bons augures pour tous les enfants, mais sages ou pas, que nos chers garnements se rassurent, Saint Nicolas remporte aujourd’hui bien plus de succès que le tant redouté Père Fouettard. Les coups de martinet sont aisément troqués par des friandises, traditionnellement du pain d’épices, et des jouets. Cette fête, qui fait le bonheur des enfants comme des plus grands, puise pourtant ses racines dans des légendes peu réjouissantes. En voici une. « Ils étaient trois petits enfants, qui s'en allaient glaner aux champs », commence la chansonnette. Rien d’effrayant à cela. Attendez la suite. Perdus, ils demandèrent l'hospitalité chez un boucher qui profita de leur sommeil pour les découper en morceaux et les mettre au saloir. Nous y sommes. Guère affriandant, de quoi vous gâcher le réveillon. Ceci dit, le petit salé se retrouve rarement au menu du dîner, crustacés et magrets éveillent désormais nos papilles festives. On comprend pourquoi. Mais dégustons la suite de cette légende croustillante. Saint Nicolas vint à passer sept ans plus tard et demanda à son tour l'hospitalité. Il insista pour manger le petit salé préparé sept ans plus tôt. Le boucher s'enfuit terrorisé et Saint Nicolas fit revenir les trois enfants à la vie. Tout est bien qui finit bien, n’est-ce pas capitaine ? Nous sommes rassurés, et fins gourmets que nous sommes, nous reprendrons volontiers du petit salé. Le Père Fouettard qui accompagne Saint-Nicolas dans sa distribution de friandises, serait selon certaines traditions, l’avide boucher à l’appétit gargantuesque, condamné à punir les enfants désobéissants. On doit à Gérard de Nerval la publication dans le Sylphide (1852) de la chanson relatant cette légende, la voici dans son intégralité (la légende des Trois Clériaux) avec une recette de petits sablés pour l’occasion… enfin si l’appétit vous dit !

dimanche 2 décembre 2007


Je vous avais promis quelques chroniques "cinéma", principalement selon mes coups de cœur. Évidemment, rien d'exhaustif, bien que cinéphile averti, il m'est difficile de faire l'inventaire de toutes les sorties. Ce diaporama présente une sélection de films français et étrangers qui ont retenu mon attention. Pour obtenir de plus amples informations sur ceux-ci, lire le synopsis, les critiques (avec modération), vous pouvez consulter ces deux références pour les passionnés des salles obscures, Télérama et AlloCiné, ou bien vous rendre dans la rubrique consacrée au cinéma des grands quotidiens nationaux (voir le libellé "Liens").